Définition et nature de l’anxiété

En français, le terme «anxiété» provient du latin anxietas qui signifie la disposition d’un individu à l’inquiétude face à ce qui peut lui arriver (Belzung, 2007).

«L’anxiété est un état émotionnel, à tonalité négative, fait sur le plan phénoménologique de trois éléments fondamentaux : la perception d’un danger imminent, une attitude d’attente devant ce danger, et un sentiment de désorganisation, lié à la conscience d’une impuissance totale en face de ce danger» (Pichot, 1987, p.VII, cité par Pouille, 2017, p. 11).

Anxiété : Emotion secondaire et distinction avec la peur

À l’inverse des émotions primaires comme la joie, la peur, la colère, la tristesse, la surprise et le dégoût, qui ont un support biologique, l’anxiété constitue une émotion secondaire avec un support culturel. Ensuite, la distinction entre la peur et l’anxiété montre que la peur survient face à un objet réel et déterminé, tandis que l’anxiété se déclenche face aux situations perçues comme un danger potentiel, indéterminé et incertain devant lequel l’individu se sent impuissant. De ce fait, on peut décrire l’anxiété comme une peur anticipée qui possède une composante affective et une composante cognitive (Belzung, 2007). Par ailleurs, l’anxiété représente une réaction normale en réponse à un danger ou face à une situation stressante. En effet, elle agit comme un signal d’alarme qui permet à l’individu de faire face à la situation stressante (Belzung, 2007).

Manifestations possibles

L’anxiété peut provoquer des réactions physiologiques comme l’accélération du rythme cardiaque, l’hyper vigilance, des pensées négatives et des réactions d’évitement (Belzung, 2007). Ces réactions sont aussi présentes chez les personnes qui ont une anxiété mathématique. Quand l’individu interprète la situation comme une menace (la menace est subjective), il est en situation d’incertitude, il essaie d’adapter des stratégies pour atteindre son but et réduire l’anxiété. Ainsi, le corps se prépare à combattre ou à fuir. La manière que la personne aborde la situation anxiogène peut avoir un impact sur sa performance (Maloney, Sattizahn et Beilock, 2014).

Effet de l’anxiété sur la mémoire de travail

La mémoire de travail : définition et fonctionnement

La mémoire de travail (MDT) décrit le système cognitif responsable de stockage et de traitement de l’information, qui permet à une personne de disposer d’un espace de travail pour intégrer, maintenir et manipuler les informations qui lui sont présentées (Ribaupierre, 2016).

La théorie du contrôle attentionnel : Un Cadre explicatif de l’impact de l’anxiété

La théorie du contrôle attentionnel «Attentional Control Theory » a été développée par Eysenck et al. (2007) pour expliquer l’effet de l’anxiété sur les tâches cognitives qui nécessitent l’attention et la mémoire de travail. Ils ont fait la distinction entre effectiveness  et efficiency (les termes sont en anglais). Effectivess est la qualité de traitement ou l’exactitude (précision) des réponses et efficiency concerne les ressources mobilisées et la vitesse de traitement (Eysenck, Derakshan, Santos & Calvo, 2007).

L’anxiété et la compétition des systèmes attentionnels dans la mémoire de travail

Devant une situation perçue comme menaçante, le fonctionnement de la mémoire de travail sera soumis à de deux systèmes attentionnels: 1) l’attention orientée vers les stimulus liés aux objectifs et attentes de la tâche (la résolution du problème) et 2) l’attention orientée vers les stimulus extérieurs saillants de l’environnement ressentis comme des menaces ou les stimulus intérieurs tels que les ruminations et les pensées négatives (Eysenck et al., 2007). Les individus qui ont un niveau d’anxiété élevé consacrent leur attention à la gestion de l’anxiété telles que les réactions physiologiques et les pensées négatives. Un niveau élevé d’anxiété sera associé à de faibles performances.

Stratégies de compensation et perturbation nognitive par l’anxiété

La théorie du contrôle attentionnel suggère, de plus, que certains individus peuvent compenser l’effet de l’anxiété sur leurs performances. Souvent, ils augmentent leur effort cognitif pour maintenir la performance des tâches. L’aspiration d’investir un effort dépend de leurs attentes des résultats (motivation) (Eysenck et al., 2007). Ainsi, c’est l’attention focalisée par la personne sur ses émotions et le doute de l’individu en ses capacités qui perturbent le fonctionnement cognitif et bloquent l’apprentissage (Eysenck et al., 2007).

«La personne croit alors qu’elle ne peut plus travailler parce qu’elle ne peut plus penser. En réalité, c’est l’inverse, elle ne peut plus penser parce qu’elle a cessé de réfléchir, d’étudier et surtout, de faire appel à son processus logique» (Lafortune, 1994, cité par Lafortune et Sain-Pierre, 1994, p. 25).

Conclusion

En conclusion, l’anxiété se manifeste comme un état émotionnel complexe, oscillant entre une réaction adaptative face au danger et un trouble potentiellement invalidant lorsqu’elle devient excessive ou disproportionnée. Elle définit une appréhension de menaces futures et se distingue de la peur par son caractère souvent diffus et incertain. Son impact sur le fonctionnement cognitif, notamment la mémoire de travail, souligne la manière dont les préoccupations et les tensions peuvent détourner les ressources mentales nécessaires à la performance. Comprendre les mécanismes de l’anxiété, ses manifestations variées et la distinction entre ses formes normales et pathologiques est fondamental pour favoriser le bien-être psychologique et développer des stratégies d’intervention efficaces, qu’elles soient préventives ou curatives. En reconnaissant la nature multidimensionnelle de l’anxiété, impliquant des aspects émotionnels, cognitifs et comportementaux, il devient possible d’adopter des approches holistiques pour aider les individus à mieux la gérer et à retrouver une qualité de vie optimale.

 

En savoir plus sur l’anxiété mathématique: L’anxiété mathématique : Comprendre, identifier et agir

 

Références

  • Belzung, C. (2007). Biologie des émotions. Bruxelles : De Boeck & Larcier.
  • Eysenck, M. W., Derakshan, N. Santos, R. et Calvo, M. G. (2007). Anxiety and cognitive performance: Attentional control theory. American Psychological Assocciation, 7 (2), 336-353.
  • Lafortune, L. et Saint-Pierre, L. (1994). Une recherche collaborative pour traiter de la métacognition et de l’affectivité. Dans L. Lafortune et L. Saint-Pierre (dir.), Actes de colloque international 94. Enseignement supérieur : stratégie d’apprentissage appropriées (p. 23-31). Montréal, Canada : Association de la recherche au collégial ARC.
  •  
  • Maloney, E, A,. Sattizahn, J. R. et Beilock, S. L. (2014). Anxiety and cognition. WIREs Cognitive Science 5, 403-411.
  • Pouille, J. (2017). Perceptions de soi, anxiété et réussite scolaire : l’apprentissage du langage écrit (thèse de doctorat, Université Grenoble Alpes, France). Récupéré de HAL, l’archive ouverte pluridisciplinaire : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01478329/document

  • Ribaupierre, A. (2016). Mémoire de travail, développent cognitive et performances scolaires. Dans E. Tardif et P. Doudain (dir.), Neurosciences et cognition (p. 165-182). Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck supérieur.

Définition et nature de l’anxiété

En français, le terme «anxiété» provient du latin anxietas qui signifie la disposition d’un individu à l’inquiétude face à ce qui peut lui arriver (Belzung, 2007).

«L’anxiété est un état émotionnel, à tonalité négative, fait sur le plan phénoménologique de trois éléments fondamentaux : la perception d’un danger imminent, une attitude d’attente devant ce danger, et un sentiment de désorganisation, lié à la conscience d’une impuissance totale en face de ce danger» (Pichot, 1987, p.VII, cité par Pouille, 2017, p. 11).

Anxiété : Emotion secondaire et distinction avec la peur

À l’inverse des émotions primaires comme la joie, la peur, la colère, la tristesse, la surprise et le dégoût, qui ont un support biologique, l’anxiété constitue une émotion secondaire avec un support culturel. Ensuite, la distinction entre la peur et l’anxiété montre que la peur survient face à un objet réel et déterminé, tandis que l’anxiété se déclenche face aux situations perçues comme un danger potentiel, indéterminé et incertain devant lequel l’individu se sent impuissant. De ce fait, on peut décrire l’anxiété comme une peur anticipée qui possède une composante affective et une composante cognitive (Belzung, 2007). Par ailleurs, l’anxiété représente une réaction normale en réponse à un danger ou face à une situation stressante. En effet, elle agit comme un signal d’alarme qui permet à l’individu de faire face à la situation stressante (Belzung, 2007).

Manifestations possibles

L’anxiété peut provoquer des réactions physiologiques comme l’accélération du rythme cardiaque, l’hyper vigilance, des pensées négatives et des réactions d’évitement (Belzung, 2007). Ces réactions sont aussi présentes chez les personnes qui ont une anxiété mathématique. Quand l’individu interprète la situation comme une menace (la menace est subjective), il est en situation d’incertitude, il essaie d’adapter des stratégies pour atteindre son but et réduire l’anxiété. Ainsi, le corps se prépare à combattre ou à fuir. La manière que la personne aborde la situation anxiogène peut avoir un impact sur sa performance (Maloney, Sattizahn et Beilock, 2014).

Effet de l’anxiété sur la mémoire de travail

La mémoire de travail : définition et fonctionnement

La mémoire de travail (MDT) décrit le système cognitif responsable de stockage et de traitement de l’information, qui permet à une personne de disposer d’un espace de travail pour intégrer, maintenir et manipuler les informations qui lui sont présentées (Ribaupierre, 2016).

La théorie du contrôle attentionnel : Un Cadre explicatif de l’impact de l’anxiété

La théorie du contrôle attentionnel «Attentional Control Theory » a été développée par Eysenck et al. (2007) pour expliquer l’effet de l’anxiété sur les tâches cognitives qui nécessitent l’attention et la mémoire de travail. Ils ont fait la distinction entre effectiveness  et efficiency (les termes sont en anglais). Effectivess est la qualité de traitement ou l’exactitude (précision) des réponses et efficiency concerne les ressources mobilisées et la vitesse de traitement (Eysenck, Derakshan, Santos & Calvo, 2007).

L’anxiété et la compétition des systèmes attentionnels dans la mémoire de travail

Devant une situation perçue comme menaçante, le fonctionnement de la mémoire de travail sera soumis à de deux systèmes attentionnels: 1) l’attention orientée vers les stimulus liés aux objectifs et attentes de la tâche (la résolution du problème) et 2) l’attention orientée vers les stimulus extérieurs saillants de l’environnement ressentis comme des menaces ou les stimulus intérieurs tels que les ruminations et les pensées négatives (Eysenck et al., 2007). Les individus qui ont un niveau d’anxiété élevé consacrent leur attention à la gestion de l’anxiété telles que les réactions physiologiques et les pensées négatives. Un niveau élevé d’anxiété sera associé à de faibles performances.

Stratégies de compensation et perturbation nognitive par l’anxiété

La théorie du contrôle attentionnel suggère, de plus, que certains individus peuvent compenser l’effet de l’anxiété sur leurs performances. Souvent, ils augmentent leur effort cognitif pour maintenir la performance des tâches. L’aspiration d’investir un effort dépend de leurs attentes des résultats (motivation) (Eysenck et al., 2007). Ainsi, c’est l’attention focalisée par la personne sur ses émotions et le doute de l’individu en ses capacités qui perturbent le fonctionnement cognitif et bloquent l’apprentissage (Eysenck et al., 2007).

«La personne croit alors qu’elle ne peut plus travailler parce qu’elle ne peut plus penser. En réalité, c’est l’inverse, elle ne peut plus penser parce qu’elle a cessé de réfléchir, d’étudier et surtout, de faire appel à son processus logique» (Lafortune, 1994, cité par Lafortune et Sain-Pierre, 1994, p. 25).

Conclusion

En conclusion, l’anxiété se manifeste comme un état émotionnel complexe, oscillant entre une réaction adaptative face au danger et un trouble potentiellement invalidant lorsqu’elle devient excessive ou disproportionnée. Elle définit une appréhension de menaces futures et se distingue de la peur par son caractère souvent diffus et incertain. Son impact sur le fonctionnement cognitif, notamment la mémoire de travail, souligne la manière dont les préoccupations et les tensions peuvent détourner les ressources mentales nécessaires à la performance. Comprendre les mécanismes de l’anxiété, ses manifestations variées et la distinction entre ses formes normales et pathologiques est fondamental pour favoriser le bien-être psychologique et développer des stratégies d’intervention efficaces, qu’elles soient préventives ou curatives. En reconnaissant la nature multidimensionnelle de l’anxiété, impliquant des aspects émotionnels, cognitifs et comportementaux, il devient possible d’adopter des approches holistiques pour aider les individus à mieux la gérer et à retrouver une qualité de vie optimale.

 

En savoir plus sur l’anxiété mathématique – L’anxiété mathématique : Comprendre, identifier et agir

 

Références

  • Belzung, C. (2007). Biologie des émotions. Bruxelles : De Boeck & Larcier.
  • Eysenck, M. W., Derakshan, N. Santos, R. et Calvo, M. G. (2007). Anxiety and cognitive performance: Attentional control theory. American Psychological Assocciation, 7 (2), 336-353.
  • Lafortune, L. et Saint-Pierre, L. (1994). Une recherche collaborative pour traiter de la métacognition et de l’affectivité. Dans L. Lafortune et L. Saint-Pierre (dir.), Actes de colloque international 94. Enseignement supérieur : stratégie d’apprentissage appropriées (p. 23-31). Montréal, Canada : Association de la recherche au collégial ARC.
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  • Maloney, E, A,. Sattizahn, J. R. et Beilock, S. L. (2014). Anxiety and cognition. WIREs Cognitive Science 5, 403-411.
  • Pouille, J. (2017). Perceptions de soi, anxiété et réussite scolaire : l’apprentissage du langage écrit (thèse de doctorat, Université Grenoble Alpes, France). Récupéré de HAL, l’archive ouverte pluridisciplinaire : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01478329/document

  • Ribaupierre, A. (2016). Mémoire de travail, développent cognitive et performances scolaires. Dans E. Tardif et P. Doudain (dir.), Neurosciences et cognition (p. 165-182). Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck supérieur.

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